Françoise me fut présentée par l'une de mes clientes. Elle pleurait son fils, mort à 20 ans d'un accident de voiture. Je lui dis à peu près ceci : « Je comprends que vous ne puissiez pas enlever la souffrance de votre cœur brisé, c'est impossible.
Mais ce qui est possible au moins, c'est de vous soulager physiquement de votre tension pour supporter le quotidien ».
Comment continuer à vivre quand on a le cœur brisé? Il n'y a pas de réponse toute faite. Retrouver une certaine paix demande de se confronter à soi-même avec une grande profondeur, et c'est déjà une épreuve en soi. Il m'était apparu clairement dès notre première rencontre que Françoise ne désirait pas être soulagée de son cœur blessé. Elle n'avait pas envie d'expliquer son profond chagrin, ni de chercher en elle. Elle ne pouvait pas envisager de vivre sans cette souffrance parce que c'était le seul lien qui lui restait avec son enfant.
Avoir le cœur brisé, c'est se sentir détruit(e) par une séparation
Nous fimes en sorte qu'au milieu de la souffrance, elle retrouve tout d'abord une détente physique, par des massages et un rééquilibrage. Il n'était pas possible d'aller plus loin parce que, au contraire d'Hélène dont nous verrons le cas plus loin, son cœur était centré en fermeture sur sa souffrance. Son cœur brisé était inaccessible à une guérison, parce qu'il n'y a pas de guérison dans la contemplation de la souffrance. S'il y a guérison, c'est en contemplant la lumière, l'espoir, la vie, que celle-ci intervient. On voit là quels profonds ressorts humains interviennent, pourquoi il n'y a pas de réponse toute faite à ces situations, et pourquoi on ne peut jamais juger. D'une certaine façon, la guérison sera une auto-guérison.
Je travaillais seulement avec elle à retrouver un intérêt pour sa vie de tous les jours, pour les relations avec ses autres enfants, et renouer des liens sociaux aussi minimes soient-ils. Dans son cas, la Kinésiologie Essentielle n'était pas applicable.
Cette limitation est propre à Françoise et à sa problématique intérieure, que nous n'abordons pas ici. Pour d'autres personnes au cœur brisé, on peut envisager les choses tout autrement en suivant l'axe fourni par la Kinésiologie Essentielle : « Comment rester en présence de Soi pendant qu'on est dans cette souffrance ? » Ou bien, dit autrement : « Choisir de rester centré(e) sur son Essence même si on ressent de la peine ». C'est la voie choisie par Hélène, dont le cœur s'est brisé alors qu'elle était enceinte de 4 mois. Perdant les eaux, elle est hospitalisée. Le bébé naît mais ne survivra pas. On le lui présente brièvement dans un drap, elle l'a à peine vu. De la disparition de l'enfant, de l'impossibilité aussi de pouvoir récupérer le corps, naîtra le traumatisme de l'absence.
Un cœur brisé reste un cœur sensible
C'est sous cet angle qu'elle décide elle-même d'aborder cette épreuve. Elle ne veut pas être dans le déni (« il ne s'est rien passé »), elle veut garder conscience du drame, mais comment faire pour gérer son cœur brisé et ne pas plonger dans le désespoir ? Au contraire de Françoise, Hélène a beaucoup travaillé en Kinésiologie Essentielle. Elle a pu le faire parce que sa personnalité, même plongée dans une grande souffrance, est structurée en ouverture. Son cœur reste tourné vers la lumière. De cette manière, même au fond du désespoir, elle peut retrouver un peu de douceur.
En plus des protocoles en Kinésiologie Essentielle, non-détaillés ici, nous nous sommes orientés vers une thérapie par la symbolique, parce que sa sensibilité permettait à Hélène d'utiliser les symboles de manière dynamique, sans confondre le symbole avec la réalité sous-jacente. Elle a donc planté un arbre. Un arbre croît, et vit, même si on ne sais pas comment. Elle ne confondait pas cet arbre et le fœtus. Mais plutôt que de retourner en elle des souvenirs de mort et d'absence, elle se reliait à une symbolique de vie à travers son lien à l'arbre.
Tout n'est que choix. Même la vie est un choix.
Par la suite, Hélène a voulu donner du sens à sa vie en faisant de nouveaux choix, que nous ne pouvons pas plus juger que pour Françoise. S'apercevant qu'en dehors de cet espoir d'enfant, il n'y avait pas grand-chose dans sa vie de couple, elle a quitté son compagnon. Elle s'est remariée par la suite.
Par la profondeur des sentiments qui sont en jeu et par leur intensité, ce sont des situations très particulières, chaque cas est véritablement unique. Comme je le disais en début d'article, on ne guérit jamais vraiment d'un cœur brisé. On distingue toutefois une ligne commune entre ces deux cas. Dans le cas de Françoise il y a stagnation, dans le cas d'Hélène il y a évolution – à travers les méandres de la quête de soi et du sens de sa vie, mais évolution tout de même. Cette capacité à évoluer en traversant l'épreuve, sans rester bloquée, est typique de la Kinésiologie Essentielle et, probablement, de la vie elle-même quand elle s'aligne sur la fréquence de l'univers.
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